jeudi 24 novembre 2011

En route pour Kazbegi!

Cela fait presque deux mois déjà que nous sommes dans la ferme de Jean-Jacques a Argokhi. Pause salutaire, réflexion rétroactive et apprentissage des us et coutumes sont les ingrédients de notre recette géorgienne.

Lucie a profité de ce "temps mort" pour effectuer un retour en France de deux semaines. De mon côté, je déambule toujours et continue les escapades de préférence le week-end pour ne pas m'évincer de la vie de la ferme.

Un peu plus familier avec le décor et les codes culturels qui s'y rapportent, j'en profite pour approfondir mes découvertes et me lance dans l'apprentissage du géorgien. Ce n'est pas une mince affaire vu que la langue n'a pas de racines latines ou slaves. Il faut donc une bonne dose de motivation pour saluer les gens d'un puissant "gamardjoba". En guise de réponse, un tout aussi sonore "gaumardjos" retentit, signifiant littéralement la victoire à tous. La complexité de certains mots peut rebuter les novices à l'image du nom du pays qui se dit "sakartvelo" (la France se dit "saprangeti"). Je me rends compte a quel point la langue est facteur d'adaptation lorsque pris en stop dans une voiture je me vois forcé d'être muet comme une carpe après 15 minutes d'une gestuelle provoquant à coup sûr la rigolade. J'apprécie donc fortément les bribes de conversation que je peux me permettre d'avoir dans les boutiques ou marché. J'y découvre des gens curieux, froids de prime abord et extrêmement accueillants par la suite.

Aujourd'hui nous cassons la routine et décidons de nous rendre vers ce qui pour beaucoup constitue l'âme de la Géorgie: les montagnes du Caucase. C'est accompagnés de Serguei et Kenny que nous montons à bord du premier marchroutka (minibus desservant l'ensemble du pays) et faisons une escale à Ananuri.

Situé à quelque 1h30 de la capitale, longeant l'autoroute militaire - baptisée ainsi notamment à cause des multiples invasions russes - ce site d'églises orthodoxes baigne dans un paysage qui laisse rêveur. D'un côté, montagnes imposantes, de l'autre une eau turquoise qui si ce n'était le vent glacial donnerait l'envie de piquer une tête.

Nous poursuivons notre route avec pour objectif la ville de Stepatsminda. Dernière ville avant la frontière russe, c'est le point incontournable en vue d'aller au pied du Mont Kazbek qui culmine à plus de 5000m. En moins de 5 minutes, une famille nous embarque dans son 4*4. Le fiston sur les genoux de la mère et l'ainée dans le coffre, nous sommes comme des papes à l'arrière. Serguei qui parle russe nous sert d'interprète. Le conducteur roule sourire constant et nous fait baigner dans son atmosphère. Comme d'habitude, ça va un peu vite et ça klaxonne les vaches. Les virages sont un peu secs et la petite fait le yoyo dans le coffre. C'est rock'n'roll jusque dans nos oreilles avec du bien inhabituel Pearl Jam et Nirvana en trame sonore. C'est pourtant certainement le conducteur le plus prudent que l'on est eu dans la région.

Alors que ces derniers pensaient s'arrêter bien avant, ils nous escortent jusqu'à destination et prennent même de leur temps pour nous trouver une auberge à prix bradé. Encore une attitude qui démontre la générosité des géorgiens!

Nous prenons nos marques dans un petit hôtel dont la douche chaude ravive les sens. Un peu de luxe après la précarité ne fait de mal à personne!

Le lendemain, le ciel se dégage et ce n'est pas pour nous déplaire. Démarre ainsi l'ascension du monastère de Sameba.

Le chemin est époustouflant! Dire que nous hésitions à visiter la région. Nous enchainons les courbes sinueuses qui nous offrent à chaque virage un nouvel angle de vue à coup sûr exceptionnel. Quelques deux heures plus tard et l'émotion est à son comble.

Le Mont Kazbeg

C'est devant ce paysage majestueux que nous décidons de faire une pause: bouche bée pleine de saucisson ramené par Lucie.

Le soleil se couche et c'est déjà le moment de redescendre. Quelques glissades et clichés des maisons environnantes laissées pour la plupart à l'abandon, puis c'est l'escapade au seul café ouvert. C'est l'occasion de pratiquer le géorgien. La formule opère et après un troc de quelques bouts de saucisson contre de la chacha (alcool local qui selon les dires du patron ne dépasse pas les 50 degrés), la conversation se délie. Ça parle politique et gastronomie. Entre deux mots de géorgien et trois d'anglais, tout le monde finit par se comprendre. On porte un dernier toast à la santé du patron dont on écorche le nom et on rentre se coucher déjà nostalgiques de cette journée.

Du haut du monastère, chacun observe la vue à sa façon.

Une pause devenue classique

100km les séparent

Kenny, Lucie et Serguei le premier jour.