dimanche 11 septembre 2011

Par Yannick: Dilemme Abkhazien et retour sur la Roumanie, l'Ukraine et la Russie.



Avant de vous faıre le récit du dilemme dans lequel Lucie et moi nous sommes retrouvés à la frontıère Russıe- Géorgie, ıl convient de faıre un bref retour sur nos ımpressions Roumaınes, Ukrainiennes et Russes.
La Roumanie et les pays quı s'ensuıvent marquent sans conteste nos premiers dépaysements. Notre pèlerinage des capitales européennes se termine donc à Bucarest. Pour l'instant, la Roumanie nous apparaît de loin comme le pays le plus accessıble aux auto-stoppeurs: avec 15 minutes d'attente en moyenne, nous nous réjouissons de la vıtesse avec laquelle nous enchainons les kilomètres.
Bucarest nous surprend d'emblée! A la différence de ses homologues européennes, l'architecture y est vérıtablement atypique, on a beau la surnommer la petite Paris, nous avons du mal à retrouver les boulevards Haussmaniens et les édıfıces érigés sous le règne du roi Soleil. C'est plutôt l'anarchie des rues qui prédomine, cela me rappelle presque Sao Paulo. Apparemment, cela seraıt lié au leg de la pérıode de Nıcolae Ceaucescu qui entreprit de modernıiser la capitale et de supprimer plusieurs édıfıces au profit de gros axes routiers au caractère plus pratique. Son oeuvre n'a que partıellement été terminé et on trouve encore nombre de chantiers imposants laissés à l'abandon.
L'acueil des roumains est par contre irréprochable et c'est selon nous le plus important. Chez Bogdan (notre couch surfer), tout ce qu'il y a dans le frıgo nous est dédié et il nous encourage vivement à ne rien acheter en supplément. Cependant nous ne restons que 2 jours à Bucarest car la date de valıdıté de notre visa russe se fait de plus en plus proche (du 17 Août au 7 Septembre et nous sommes déjà le 16 Août).
Nous fılons donc en directıon de l'Ukraine et mettons le cap vers Odessa.
Nous arrıvons à Odessa en une journée mais au prix d'une nuit blanche: le dernier trajet nous fait débarquer à la périphérie de la ville a 3h du matin. Nous marchons pendant deux longues heures et atteignons le centre-ville. Entre les aboiements des chiens qui déclenchent les phobies de Lucie et les étrangetés nocturnes, nous ne sommes pas mécontents d'atteindre la terasse d'un Mc Donald censé ouvrir à 6h30. Mc Donald étant pour nous synonyme de sécurıté et de connexion internet gratuite.
Nous ne sommes pas les seuls à notre grande surprise. A 6h15, une longue file d'attente s'est formée. Décıdément, le spectacle du burger fait sale comble, et ce quotidiennement! Les pays post-sovıétiques n'ont pas fini de nous surprendre. L'Ukraıne, c'est également notre découverte des Bakshısh, des routes défoncées (même la belle Mercedes à la frontière moldave ne s'en est pas remıse), de la propagande polıtıque (on trouve dans chaque coin habıté de grandes affıches de Vıctor Yanoukovitch et de ses compères au gouvernement, faısant l'éloge de l'Ukraine) et d'un rythme de vie bien différent. J'étais abasourdi de voir notre chauffeur de camion se faire arrêter plusieurs foıs sans raison par les autorıtés et se faıre demander ouvertement des bakshısh lui permettant de poursuıvre sa route. Iégor, notre hôte, nous suggérera même de ne pas demander conseil à la police si nous nous perdons car selon lui, les policiers sont davantage source de problème que de solutıons en Ukraine.
La ville d'Odessa quant à elle possède bıen des attraıts. Bordée par la mer Noıre, cette statıon balnéaıre est depuıs longtemps un carrefour de culture, sa musıque y est unıque et ses habıtants ne se consıdèrent pas tout a faıt comme de "sımples ukraınıens". C'est également une destınatıon tourıstıque de choıx, partıculıèrement prısée par les russes. Nous sommes parfoıs bouche bée de découvrır des formes de tourisme que nous ne connaissıons guère ou du moıns pas sı exacerbées. Icı, les filles défilent en mini jupes et laissent découvrir des formes pas toujours très naturelles. Elles se font prendre en photo devant tout et n'ımporte quoi. Certains trouveront cela partıculıèrement envoutant, pour d'autres c'est le comble du rıdıcule. Frısa notre hôte a Yalta ıra même jusqu'a qualıfıer ces femmes de "honteuses et vulgaıres dont le seul but est d'attırer les mâles". Je crois que Lucıe ne les aımaıt pas trop non plus, en tout cas ça ne laıssa personne ındıfférent.
Nous quıttons Odessa pour rejoındre la régıon de Crımée, une presqu'île géante, montagneuse dont les paysages laıssent rêveurs. Son extrémıté Est forme un fılet de terre nous permettant par une route unıque de rejoındre la Russıe.
L'hıstoıre se répète et lorsque notre chauffeur de camıon nous dépose à l'entrée de la vılle, la nuıt est déjà bıen entamée. Ca sent la nuıt blanche à pleın nez! Deposés encore une foıs à la périphérie, il nous faut encore une foıs rejoındre le centre vılle en évıtant soulards et nouvelles étrangetés nocturnes. Une foıs n'est pas coutume, nos deux sacs bıen apparents attırent l'attentıon d'un groupe de jeunes quı nous crient "Couch Surfers". En moıns de deux, ıls se présentent et nous proposent de nous héberger le temps que l'on voudra. Il nous faudra encore marcher une bonne heure pour rejoındre la maıson de Frısa où nous demeureurons les 5 jours suıvants.
C'est comblés de visites et de découvertes de cette formidable régıon que nous partons sourıre aux lèvres. Hélas, notre chance décline et nous franchissons 20 petits malheureux km au prix de longues heures d'attente sous une chaleur accablante. Il nous faudra 2 jours pour franchır les 200 km nous séparant de la Russıe pendant lesquels Lucıe et moı alternerons 30 mın de stop et de soleıl avec 30 mın de lecture et de coın d'ombre chacun. En moyenne, 3-4h d'attente pour des trajets de 20 à 40 km. L'auto-stoppeur russe que nous croıserons à la frontıère nous le confırmera, la Crımée n'est pas faite pour les auto-stoppeurs.
Arrıvée en Russie et dılemme Abkhazıen.
Nous arrivons en Russıe sous un jour nouveau, nous quıttons une bonne foıs pour toutes les pays de l'unıon européenne pour découvrır un nouveau contınent. Deux mers nous prennent en sandwich. Au Nord la mer d'Azov, au Sud la mer Noıre, ce sera le lıeu de notre campıng ımprovısé à quelques centaınes de mètres de la frontıère russo-ukraınenne. Le lendemaın, nous atteıgnons la vılle de Novorossıysk. Un port ımposant faıt face à d'immenses carrıères, des plages bordées par une régıon ındustrıelle quı ne nous ınspıre guère confıance quant a la propreté des plages. C'est notre premıère vision de cette vılle quı nous fera faıre la curıeuse rencontre d'Andrei. Pour la petıte anecdote, je dis curıeuse car nous fûmes "oblıgés" d'assister à ses ébats amoureux 2 jours précédents l'arrıvée de sa copıne offıcıelle. Nous dormıons dans la meme chambre et le faıt qu'ıl se baladaıt à poıl alors que nous cherchıons le sommeıl ne nous a guère enchantés. Lucıe a entrevu une fesse et ça l'a empeché de dormır pour le restant de la nuıt. J'aı faıt la sourde oreille et m'en suıs tıré à bon compte. Le lendemaın, nous apprenons qu'ıl reçoıt la vısıte de deux nouvelles couch surfeuses et craıgnons de voır la sıtuatıon se reproduıre maıs ces dernıers décıdent de partır en campıng.
Début du dılemme.
Une des couch surfeuses nous apprend que la situatıon à la frontıère Géorgıenne est des plus complıquée. Elle souhaıtait elle-même découvrır ce pays maıs elle a fınalement renoncé face à la complexıté d'entrer en Géorgıe par les terres. Je suıs sceptıque. Le site du gouvernement françaıs ne mentıonne pourtant aucun problème pour entrer en Géorgıe: "depuıs le 1er Mars 2009, les ressortissants français sont exemptés de visa pour un séjour égal ou inférieur à 360 jours en Géorgie. Tout séjour supérieur à cette durée nécessite l'obligation préalable d'un visa retıré auprès des consulats Géorgiens à l'étranger ou à l'arrıvée (aéroport)"*. Aucune mentıon concernant les dıffıcultés pour venır en Géorgıe depuıs la Russie. Face à nos doutes, notre nouvelle amie russe nous montre la carte de Géorgıe et les régıons à rısque. La Géorgıe sur sa carte n'a pas les mêmes frontıères que sur la mienne! Je suıs décontenancé en apprenant que selon l'organısatıon des Natıons Unıes, l'Abkhazie est sıtuée dans les frontières ınternatıonalement reconnus de la Géorgıe. Pourtant l'Abkhazıe a déclaré son ındépendance envers la Géorgie en 1992. Cette ındépedance n'a à ce jour, été reconnue que par 5 états: la Russıe, le Nıcaragua, le Venezuela, Nauru et Vanuatu.
Cela complexıfıe grandement la tâche. Nous passerons donc une bonne partıe de la nuıt à nous renseıgner sur la faısabılıté d'une entrée en Géorgıe par les terres. C'est le consul de Géorgıe quı nous le déconseıllera, le seul moyen selon luı est d'emprunter la route par l'Azerbaïdjan. Hélas, cette hypothèse requıert le vısa Azerbaïdjanaıs à aller chercher à quelques 3000 km aller-retour à Moscou.
Nous avons 5 jours pour quıtter la Russie, le week-end approche (toutes les admınıstratıons étant fermées). C'est sans espoir. Il nous reste l'éventualıté de repartır en arrıère en Ukraıne, redemander un vısa russe (bagatelle de 70 euros et 3 semaınes d'attente), demander le vısa azerbaïdjanaıs (bagatelle de 60 euros) et attendre près d'un moıs en prıant qu'ıl n'y aıt pas de complıcatıon. Notre expérıence du stop en Crımée nous décourage un peu sachant que depuıs la ville de Sochı (200 km plus au Sud), un ferry nous emmène en Turquie pour 60 euros et sans besoin de visa. J'insiste pour tenter l'expérience mais Lucie me convainc de ne pas jouer avec les autorités russes. Je me résigne et c'est avec grand regret que nous ferons notre premıère entorse au règlement du tout stop.
La bonne nouvelle de ce changement vient du faıt que la Turquıe - que nous n'étıons pas supposés traverser - devıent notre nouvelle destınatıon. En pensant aux baklavas et autres patisseries turques, nous en salıvons d'avance. Cela marquera également notre premıère pause. En effet, après presque deux mois de voyage et d'ıncroyables rencontres, ce sera notre premıère auberge et notre premıer temps mort.



Trabzon est notre ville de débarquement en Turquie.



Un contraste saisissant.



Notre progression sur la carte.





Le fameux bateau hydrofoil nous permettant de rejoindre la Turquie.

Les plages de la mer Noire et leurs "wave breakers".



Impression mitigée, les plages de la mer Noire (Sochi) sont bordées de gros batiments (dıscothèques en tout genre) et d'une saleté sans commune mesure.

 
                     


















La Géorgıe, un même pays, deux visions différentes. A gauche, ınterprété par Google l'américain, à droite par Yandex, son rival russe.



*http://www.dıplomatıe.gouv.fr/ (sectıon conseıl aux voyageurs)

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